Plaidoyer pour la Grande Sure

par | 18 Juil 2006 | Randos

En ce samedi anticyclonique du mois de juillet, me voici pour le troisième week end d’affilée à arpenter un sentier menant à la Grande Sure. Il y a quinze jours, c’était la grande classique via Jusson et sa cheminée débouchant directement au sommet. Là haut, une petite tendance ouest m’avait alors dissuadé de décoller ; une semaine plus tard, j’étais allé me réfugier à la cabane des Bannettes, craignant les débordements éthylo-footballo-patriotiques dans ma rue, barré de part en part par un drapeau italien depuis une semaine. A cette occasion, je découvrais l’accès via les rochers de Chalves, sauvage à souhait mais offrant au sommet une vue panoramique démentiel et une petite pente herbeuse des plus accueillantes pour un parapente. A tester un jour prochain… Après une nuit aux Bannettes, Voiron illuminé à mes pieds, j’étais remonté au sommet de la Sure mais alors, c’était une rentrée de Nord qui m’obligeait à redescendre à pieds une seconde fois. Dans les deux cas, je n’avais ressenti aucune amertume, la déception de ne pas voler étant compensée par ce petit surplus de temps passé dans cette ce coin si typique de la Chartreuse.
SylvainThierry.jpgPendant longtemps, la Grande Sure, n’a été pour moi que cette barre visible de loin sur l’autoroute de Lyon, ce sémaphore vers laquelle se diriger pour rentrer enfin à la maison. Et puis, un jour, à force de scruter la carte au 25 millièmes, de faire des règles de 3, je me suis dit que le décollage était possible en face est, même avec un fer à repasser, du moment qu’il était de marque Nervures. Me voici donc un jour de septembre 2003 à faire la totale via le pas de la Miséricorde, le vallon et le col de la Sure. C’est beau mais d’une longueur inattendue et angoissante pour tout parapentiste qui s’imagine déjà la brise s’inverser avant de pouvoir déplier le chiffon; long comme un discours de Fidel Castro ou un film d’Antonioni… Finalement au sommet, il est interdit de se plaindre : belle pente herbeuse et petite brise comme il faut. Décollage sans problèmes, la crête à ma droite s’enfonce petit à petit et j’ai bientôt les 10 mètres suffisants pour me permettre de basculer en face ouest ; quelques tentatives pour remonter à la croix saluer les randonneurs restés la haut mais c’est encore un peu tôt ; il ne me reste plus qu’à me laisser glisser vers l’atterrissage à deux pas de la voiture.
p8290026.jpgSuite à cette première tentative, je suis retourné régulièrement là haut pour y décoller, et encore plus souvent après avoir compris comment accéder à la prairie de Jusson et la cheminée du même nom : c’était toujours aussi beau mais beaucoup moins long ! Différentes occasions m’ont également permis d’explorer différents points d’entrée du vallon, via la cheminée du Lorzier, ou le goulet d’Hurtieres avec à chaque fois un émerveillement renouvelé.
P7150029.jpgC’est encore un nouvel accès que je teste aujourd’hui avec le sentier de Chorolant, partant de Saint Joseph de Rivière, où le car m’a déposé autour de 9h15. Le sentier, par endroits assez rude, mène directement au coeur d’une forêt portant encore les stigmates de l’orage titanesque de la veille. La solitude absolue, l’importante humidité ambiante et la lumière tamisée par les nombreux feuillages confèrent à l’ensemble une ambiance féerique ; après quelques tâtonnements et interrogations sur l’itinéraire, on arrive à un sentier bien tracé avec un chapelet interminable de lacets (50 ? 100 ? 150 ?), qui débouche finalement dans les clairières du portail de Chorolant, 1100m au dessus du point de départ. P7150032.jpgEncore quelques minutes de marche, avant de trouver un décollage correct en face ouest ; je m’arrête là pour aujourd’hui : le sommet sera pour une autre fois. Le temps de casser la croûte et de scruter le pierrier où j’avais surpris un chamois quelques jours auparavant, midi et une petite brise de face arrivent. P7150036.jpgPréparation tranquille, installation, gonflage, retournement et envol. Les faces ouest commençant à peine à chauffer, le vol sans histoires n’excédera pas 20 minutes mais peu importe aujourd’hui. Une nouvelle dimension de cette montagne s’est révélée et d’autres idées se sont imposées à moi en observant ces faces ouest. Il faudra que je retourne un prochain jour par là bas pour les concrétiser – ou non.
P7020015.jpgTout cela pour inciter ceux qui ne connaissent pas à aller découvrir la Grande Sure et ses satellites. Le coin est propice à des vols rando express du matin (aller-retour voiture envisageable en 2h-2h30 via Jusson) et aux cross d’après midi en décollant en face ouest (le sommet est un objectif classique au départ d’Aiguebelette et un ticket d’entrée pour les faces ouest du Vercors) ; mais je demeure persuadé qu’on profite le mieux du coin en y allant sans contrainte de temps et de voitures : on rentre par un coté pour atteindre pour le sommet (après éventuellement passé la nuit dans une cabane), et si par malheur ça ne vole pas, plutôt qu’un bête aller- retour, échappez vous par un autre sentier et offrez vous une traversée, ce qui est bien plus sympa : les distances et dénivelées demeurent raisonnables à la journée, et les points d’arrivée/départ (Placette/ Charmette) sont pas trop loin de la ville, bien desservies ou très propices au stop. Une fois rentré à la maison, vous aurez presque oublié que vous avez pris un but…p8290011.jpg
Bref, osez faire une petite infidélité à la Dent ou au Grand Som, vous ne serez pas décus!

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