Semaine itinérante 2009

par | 28 Mai 2009 | Voyages | 0 commentaires

Récit de la semaine itinérante du 18 au 22 mai, rédigé par Bernard puis Simon-Pierre

La semaine itinérante?
Pour Antoine et moi-même, elle s’est réduite à ses trois premiers jours: nous sommes rentrés le Mercredi soir.

Mais quels souvenirs!

Annecy, Bonneville, Mieussy, et Chamonix… et quoi encore ? David - Bernard - Antoine - Jacques - François
Les impétrants, diplomés d’itinérance ?: François C, Jacques d’A., Antoine J, Simon-Pierre J, David F, et votre serviteur.

Que du beau monde.
Mais voyons ça:

Annecy, Lundi, milieu de journée: ça débâche un peu, du coup on renonce à Planfait pour Montmin.

Déco pas du tout surchargé bien que cosmopolite, brise de face, mais la pompe à Jules, à droite, est nerveuse, hachée, et on ne survolera le déco jusqu’à la crête qu’assez difficilement… Tout le monde se bat pour rester, tester les environs, et seuls David et Simon-Pierre (normal, c’est le chef! ) seront assez intuitifs et patients pour trouver le lieu et l’heure du déclenchement général: ils iront poser à Planfait après avoir survolé les Dents de Lanfon.

Pour les autres: Doussart, et pour tous une bonne heure de vol dans un des plus beaux coins du vol libre… (notre trésorier a raison: le Lac vaut le détour ! ;o)

Bonneville, Mardi matin: La nuit s’est passée dans un superbe coin perdu: le plateau de Solaison
Passage à la Gendarmerie locale pour se renseigner: les pandores ils volent tous, là-bas, sans jeu de mots.
Le môle
Un superbe petit sommet a attiré nos convoitises depuis la veille: le Môle, qui domine la ville de ses 1863m d’alpages débonnaires: on finit par trouver la route, et après 1/4 d’h. de marche, un déco possible, très bucolique entre les chalets d’alpage, lourdement décoré de fleurs de pissenlits et de litres de rosée matinale.

Le départ ne fut pas évident, brises tiédasses de face, puis de cul, puis vent nul vaguement saumâtre… On s’extirpe presto de ce coin pourave, et là, ô merveille! du thermique de rêve, sympa et généreux, concrétisé par de superbes colonnes verticales et barbulesques autour desquelles on vient virevolter, et qui nous grimpent largement au-dessus du Môle, dans une lumière splendide… (Plafs vers 205Om)

Au bout d’une heure, le vent météo de SW vient interférer sévèrement et nous posons dans un champ immense que son proprio nous a mis à disposition avec une confondante gentillesse: “quand on demande, y’a aucun problème !” qu’il a dit… On demandait, modestement, 1/2 hectare, on en a eu au moins trois, et avec le sourire… Autant vous dire que ce monsieur a eu droit à notre gratitude sous forme d’une bonne bouteille de rosé: normal, non?

Mieussy, Mardi 16h30: Route d’accès fermée aux tunnels: navette obligatoire par Tanninges.
Le Prez fond en larmes en retrouvant les lieux mythiques de ses premiers envols, vingt-quatre années plus tôt, sous les non moins mythiques Turbo ou Strato-Cloud…
Thermiques et météo s’unissent pour faire ronfler un bon 35/40 au déco: une douzaine de pilotes siestent, bronzent, et refont le monde du vol libre dans l’herbe en attendant la marée basse. Ça, on sait faire aussi !
Sieste
Deux heures et demie plus tard (si, 2h1/2!) tout le monde s’installe, le soleil baisse, le vent aussi, et pendant au moins une heure un quart ce sera un festival, à tournoyer dans le couchant au-dessus du déco dans une superbe ambiance. Posé en lumière rasante orangée, à l’atterro de Mieussy, où j’attends tout le monde avec la voiture, le séjour forcé au déco ayant épuisé ma patience.
Route au jour finissant sur Cham…

Chamonix, Mercredi matin:
Vent trop fort, à l’Aiguille du Midi, seule remontée mécanique ouverte: crampons et piolets resteront donc dans le coffre et on revoit nos projets à la baisse: ce sera le Plan de l’Aiguille, 2310m.
Toujours aussi beau, entre derniers névés et premières gentianes, le déco est assez fréquenté: beaucoup de pilotes se sont laissé pousser les dents cette nuit, et j’entends les termes barbares d’un langage inconnu: “Triangle F.A.I., CFD, Emma Graham” (c’est qui, elle? Je ne connais que Sandie qui arrive, d’ailleurs, pour un biplace… ah, Sandie! ;oP)

Excellents contacts avec des moniteurs locaux qui nous font profiter de leurs conseils: ça va le faire, et plutôt bien! la preuve: les petits points multicolores déjà satellisés au-dessus du Brévent.
Déco face à la Suisse, sur la neige; ben oui, ça rentrait N faible, mais N quand même. La manip, c’est de traverser sans délai la vallée pour aller gratter les versants ensoleillés de Planpraz.(logique). J’arrive là-bas à seulement 1500m: pas mal de dégueulantes sur le trajet. Je rejoins le couloir des Nants, et là, c’est le grand cirque: des conditions plutôt…viriles, comme dirait Serge: du thermique un peu, de la baston, beaucoup. Ça chahute ferme, et une fois de plus je me félicite de ce matos en qui j’ai totalement confiance, sous lequel je me sens bien, avec une grosse sécurité passive.
Chamonix - 3000
Je m’accroche et résiste, finis par me retrouver en haut des Nants, à la hauteur de la gare d’arrivée de Planpraz. En me déportant vers le Brévent, ça s’harmonise un peu, et voilà t-y pas que je me fais grimper dans un autobus à +3/+4 régulier, à peu près calme comparativement: le vario chantonne et moi je jubile: les chiffres défilent, 2600, 2800m, et croyez-en le vieil alpiniste que je suis, l’apparition magique du chiffre 3, c’est toujours quelque chose… L’autobus me laisse vers 3050m, n’en croyant pas mes yeux du paysage, le “Blanc” et les Aiguilles crépis de fraîche sans doute par l’orage d’hier soir… La belle paroi du Brévent se fait oublier, cinq cents mètres sous ma sellette.

Les copains feront mieux encore: je vois un minuscule David parti explorer l’Aiguillette des Houches, Simon-Pierre vers 2200, François parti fureter selon son habitude jusque vers les Fiz…

Je file vers le Nord. Sous mes pieds, le massif des Aiguilles Rouges, la Flégère, l’Index… Hier je râlais en apprenant que la benne de la Flégère était fermée, aujourd’hui elle est là, 1000m plus bas! Les kakous du triangle F.A.I. peuvent aller jusqu’à Roquebrune s’ils veulent: ces minutes exceptionnelles sont miennes et rien ne viendra les ternir… Les lacs gelés, cernés du vert tendre de la glace, la sévérité verticale du Plan, de Blaitière, la douceur des prairies herbues vers l’Argentière et le Tour, je stocke les images et les impressions comme un enfant. Puisse cet émerveillement ne jamais me quitter…

Montagnes russes jusqu’aux Aiguilles Crochues: ça redescend peu à peu et je me fais tarter au niveau des crêtes par le SW qui ne nous oublie pas. Mieux vaut évacuer en vallée sous le regard des Drus et de la Verte. Je rejoins Antoine, et David absorbé par la contemplation des Jorasses endimanchées, là-bas, au bout de la Mer de Glace. Plein milieu, les Aiguilles de Cham à gauche, les Aiguilles Rouges à droite. Une fermeture ou deux plus loin, histoire de ne pas oublier qu’on n’est pas chez nous, c’est une longue descente vers le Bois du Bouchet, un peu agitée en basse couche mais sans plus. Vous auriez vu le CHVD vautré dans l’herbe: c’était pas la banane, c’était tout le régime!
Bernard attero chamonix
Quelques grandes salades et petites siestes plus tard, on décide de soigner le mal par le mal et de finir la journée à:

Passy/Plaine-Joux, mercredi vers 17h: Quelques bidules cumuliformes s’agitent en altitude, et se déguisent tout soudain en autant de lenticulaires. L’ “Âne” apparaît, coiffant le sommet du Mt Blanc. Pas trop bon, tout ça. Ça bâche un peu au-dessus des Contamines.
À Passy, l’atterrissage est hyper calme, c’est partout torride. On monte quand même à Plaine-Joux, histoire de finir dans du tranquille en basse couche.

On ne sera pas déçus: le vent de face fait la sieste, les thermiques idem, et une grande glissade au ras des sapins (pas vrai, David ?) nous ramène en quelques minutes autour de la table du bistrot, chargée d’ombre et de boissons fraîches. On aurait dû commencer par là, non ? “Va boire à Passy, le nectar d’ici te dépââsse” chantait déjà Brassens…

Ce n’étaient que trois jours… qui m’ont semblé riches comme une semaine.
Formule souple et sympa, adaptable et pas figée d’avance: on évalue, on suppute, on fait au mieux, …et ça marche !
Je laisse aux copains le soin de raconter la suite, le Jeudi et le Vendredi, donc…
…Et encore merci à SPJ le GO du CHVD !

Le signal de Bisanne, Jeudi – 10H: Antoine et Bernard sont partis, nous sommes désespérés, nous ne volerons donc plus jamais….
Le président est parti, la météo annoncée est mauvaise. Que faire ?

Nous sommes allés aux Saisies – ça tombe bien David connaît très bien.
Et, oh surprise, il y a des voiles en l’air, malgré le vent fort annoncé, mais pas là !

Nous profitons tous les 4 d’un vol d’autant plus apprécié qu’il était totalement inattendu 🙂
Merci à l’école de volatiles pour la navette.

Déjeuner mémorable à Beaufort – c’était bon, c’était pas cher, c’était un régal !
(Hôtel du Grand Mont Place de l’Eglise Beaufort 73270 Arêches-Beaufort. Contact. Tél. : 04 79 38 33 36)

L’après-midi nous sommes allés au Cormet de Roselend (avec un M le cormet. pas comme un cornet de frites !)
Un endroit magnifique. Mais avec le vent annoncé et l’absence de candidat fusible nous ne sortirons pas les voiles.

Puisqu’Antoine et Bernard ne sont plus là, nous en profitons pour marcher.
Des marmottes et des chamois, et aussi un repérage pour une via ferrata qui a l’air vraiment tentante !

Le signal de Bisanne, Vendredi – 10H: bonne météo annoncée, nous commençons par un vol local.
Je fais le fusible et joue dans le vent, et tout le mode suit.

Mais c’est l’après-midi que tout se joue: route vers Grenoble, et ….

Vérel, Vendredi – 16H: cette fois-ci c’est Jacques le local de l’étape qui nous montre le chemin. ça tombe bien, l’atterrissage et le décollage me semblent introuvables en voiture (pas flêchés en tout cas)
Nous prenons en stop un gamin qui semble bien motivé. Un certain Eliot Nochez. Vous en avez peut être entendu parler ?

Très joli décollage, mais curieusement alimenté – nous y réfléchissons à deux fois avant de décoller. Mais bon les autres le font alors…
Le Revard
Tous en l’air, objectif numéro 1: remonter sur les crêtes. C’est faisable, mais pas donné. Je bataille presque une heure avant de m’extraire.
Jacques lui est dans son jardin: il fera un aller retour de 34 Km jusqu’à la montagne de Banche.
David et moi nous contentons d’un aller retour au Revard
François pose sur le plateau et nous ramène la voiture.
Elle est pas belle la vie !

Mais c’est l’heure du retour.

Nous nous embrassons, et nous nous promettons la larme à l’oeil de nous envoyer des cartes postales, et de nous retrouver dans un an pour une nouvelle semaine itinérante !

Simon-Pierre GO heureux

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