Voyage à Castelluccio

par | 30 Oct 2016 | Voyages | 0 commentaires

Genèse du voyage
Depuis la découverte de Castelluccio di Norcia au cours de notre voyage en Europe en 2015, nous rêvions d’y retourner et de faire découvrir ces paysages grandioses à nos amis parapentistes du CHVD. Pour ceux qui ne connaissent pas, plantons le décor rapidement : Castelluccio est un petit village italien juché sur une colline surplombant un immense altiplano entouré de montagnes, dont la plus fameuse est le monte Vettore, la dent de Crolles locale. L’endroit a des faux-airs de steppe mongole et tout d’un paradis pour les amateurs de vol libre. A l’automne 2016, c’est décidé, nous reviendrons à Castelluccio avec le CHVD. Le projet est bien accueilli et 18 personnes répondent à l’invitation. Après quelques recherches, je réserve chez Gino, du rifugio Degli Alpini pour deux raisons évidentes : le refuge est idéalement situé et on murmure qu’on y mange très bien ! Malheureusement, le 24 août, un puissant séisme ravage la région, causant la mort de plus de 350 personnes et laissant certaines villes à l’état de ruines. Peu de temps après, un NOTAM informe d’une interdiction de vol dans la région jusqu’à fin novembre. Le voyage semble bien compromis. Je contacte la FIVL qui me donne une réponse encourageante : il y a bien une interdiction mais il suffira d’envoyer un sms à la tour de contrôle d’Amatrice en donnant notre plan de vol du jour pour contourner l’interdiction. A 15 jours du départ, j’apprends qu’un nouveau séisme a encore frappé la région. Je missionne Laurie, la femme de Philippe, d’appeler Gino pour en savoir plus. Il semble un peu indécis, mais accepte de nous accueillir. C’est donc dans ce contexte un peu particulier que nous prenons la route samedi 22 octobre.

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Un voyage (presque) sans histoire
Malgré un réveil trop matinal, toute la troupe a le sourire aux lèvres à 6h30. Un peu moins de 1000 km nous attendent pour rejoindre notre petit paradis italien. Au programme, traversée de la Maurienne, puis de la plaine du Pô, descente plein sud sur la côte Adriatique et enfin la remontée dans le massif des monts Sibillini. 12 heures de route qui passent finalement assez bien grâce aux relais réguliers des conducteurs et à la bonne ambiance à bord. Une erreur d’itinéraire nous fait contourner le massif par le sud. Nous traversons un village au nom évocateur de sources chaudes. Les effluves souffrées confirment bien vite cette hypothèse. Nous arrivons ensuite au village d’Aquata del Tronto qui porte toujours les stigmates du séisme de l’été. Un campement a été installé pour reloger les personnes dont la maison a été détruite. Cette vision nous ramène à la terrible réalité que vivent les habitants depuis près de deux mois. Soudain, un barrage routier gardé par deux carabinieri nous empêche de continuer. La route ayant été endommagée, il nous faut faire un détour pour accéder au refuge par le sud-ouest. On arrive finalement chez Gino en début de soirée.

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Premières sensations parapentesques
Le lendemain, c’est l’effervescence. Tout le monde est pressé de découvrir les paysages (nous sommes arrivés de nuit) et de déplier sa voile. Du refuge, on aperçoit le monte Vettore. On décide d’aller voir les conditions sur la crête qui surplombe le refuge. Le vent n’est pas si fort et on préfère monter en direction du sommet mythique. 400 m de dénivelée plus tard, nous posons nos voiles. On se prépare, malgré des conditions pas vraiment idéales selon moi : vent fort et de travers. Simon-Pierre ouvre le bal suivi d’autres pilotes. Moi, je ne suis pas très emballée, alors je redescends à pied avec Danielle et Céline. Laurent, monté malgré des problèmes intestinaux survenus sans crier gare, capitule à la descente et tombe au sol. Il passera le reste de la journée au lit. Nous sommes nombreux et le groupe se scinde au gré des jours et des envies de chacun. Certains décollent de bien plus haut, d’autres partent faire du gonflage et du soaring sur la crête. Un jour sans vent, nous montons en haut de la petite colline située au milieu de la grande plaine pour un vol groupé avec concours de finesse. Nous testons plusieurs décos avec plus ou moins de succès. Il faut dire que les conditions météorologiques ne sont pas évidentes. L’aérologie locale nous laisse parfois perplexe. Même Fred, notre expert météo, en perd ses emagrammes. Nous tentons aussi un vol depuis une colline surplombant la grande plaine de Norcia en contrebas. Beau vol dans une ambiance mi-brumeuse, mi-ensoleillée. Nous en profitons pour faire un petit tour dans Norcia, charmante petite ville, n’en déplaise au guide du Routard… Nous goûtons à la dolce vita, en terrasse, un verre à la main (ou une petite douceur chocolatée pour d’autres). Mais nous ne pouvons pas trop nous attarder car la route est longue pour rentrer au refuge et Gino nous attend pour le repas.

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Végétariens, s’abstenir !
De la gastronomie italienne, j’imagine toujours une cuisine savoureuse, légère et saine, à base de tomates, de mozzarella, de basilic, d’aubergines… Mais attention, à Castelluccio, on est en montagne et les spécialités locales ne font pas rigoler, surtout pour une quasi végétarienne comme moi. Adieu les légumes, vive le sanglier ! D’ailleurs, à Norcia, impossible d’y échapper. On le retrouve empaillé partout sur les devantures des épiceries. Miam ! Et à la table de Gino, on fait honneur ! Le ton est donné à notre arrivée, pour notre tout premier repas : d’abord un grand plat de pasta agrémentées d’une sauce délicieusement relevée – déjà à ce stade, j’aurais pu m’arrêter – suivi d’un plat de pommes de terre et d’entrecôtes géantes. Malgré toute la bonne volonté du monde et la présence de bons mangeurs au sein de la troupe, impossible de venir à bout du plat de résistance. Bizarrement, certains devaient avoir gardé une petite place pour le dessert car il n’en est rien resté. Il a été englouti bien vite et on a terminé le repas par un concert de petites cuillères raclant les assiettes pour ne pas en laissant une miette. Vous l’aurez peut-être deviné, ce dessert, c’était du tiramisu ! Pour résumer, dans cette région, la base de l’alimentation repose sur le triptyque viande, charcuterie et fromage. Que les végétariens se rassurent, ils pourront aussi goûter les fameuses lentilles de Castelluccio, un vrai délice !

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Pause culturelle
En milieu de semaine, on profite d’une météo annoncée mauvaise pour consacrer une journée à quelques visites dans la région. Finalement, c’est presque le plus beau jour de la semaine. Certains préfèrent donc rester voler, comme David, qui vient tout juste de nous rejoindre. On décide de se retrouver à Visso pour déjeuner tous ensemble. Céline est notre guide pour cette journée. Elle nous emmène d’abord voir une très jolie abbaye, malheureusement fermée à cause du tremblement de terre de l’été. Nous reprenons la route de la Valnerina jusqu’au pittoresque village de Vallo di Nera. On passe une heure à déambuler dans ce dédale labyrinthique de ruelles toutes plus charmantes les unes que les autres. Nous repartons en direction de Visso pour retrouver nos compères déjà attablés autour de bons petits plats. Après le déjeuner, on avise un joli café qu’on dévalise avec empressement. On s’installe tranquillement au soleil avec nos cafés et nos biscuits. La journée se poursuit par la visite de Castelsantangelo et s’achève à Castelluccio où nous achetons des produits locaux dans l’unique épicerie ouverte. Sur la place du village, Gilles sent une secousse. On se moque gentiment de lui car personne ne l’a pas ressentie. Mais un vendeur ambulant à deux pas de là nous confirme qu’il y a bien eu un petit séisme. Déçue de ne pas l’avoir senti, je regretterai ma curiosité quelques heures plus tard.

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Et la terre gronda
Il est un peu plus de 19h quand le premier tremblement de terre, d’une magnitude de 5,5, survient. Dans le refuge, on cherche tous à sortir, c’est un peu la panique. Heureusement, la secousse ne dure que quelques secondes. Brrrr, c’est quand même un peu effrayant. On se met à table, je n’ai pas très faim, sans doute à cause des excès du midi. Vers 21h15, nouvelle secousse, plus forte et plus longue (magnitude de 6,1). Encore une bonne montée d’adrénaline, j’ai les jambes qui flageolent et le cœur à 180. Je ne suis pas très rassurée à l’idée de dormir à l’étage. Certains partent dormir dans leur voiture pour passer une nuit plus sereine. Céline et moi descendons nos couettes pour dormir dans le salon près du feu. Tout d’un coup, je suis prise d’une sorte de malaise et m’effondre au sol, malade. Finalement, nous remontons nous coucher dans nos chambres. A travers la cloison, on entend Simon-Pierre dormir comme un bébé. Moi, je ne ferme pas l’œil de la nuit, tiraillée entre mon estomac et mes intestins en colère, la tempête de pluie et de vent qui fait rage dehors et les nombreuses répliques des tremblements de terre. Au matin, les mines un peu défaites, nous faisons le point sur la situation. Gino est préoccupé pour sa famille et ses amis qui se trouvent dans les zones sinistrées. De plus, la route d’accès par le nord est coupée, il ne reste plus qu’une seule route ouverte pour accéder à Castelluccio. Sans compter l’éventualité de nouveaux séismes… Dans ces conditions, il n’est pas raisonnable de rester. Nous repartons vers la France. Avec le jour qui arrive et la pluie qui se calme, les images des dégâts commencent à circuler dans les médias. L’une d’elle attire notre attention : c’est la terrasse où nous étions installés quelques heures plus tôt à Visso. Après le tremblement de terre, en lieu et place des tables et des chaises, c’est un immense amas de briques et de pierres.

Arrivederci Castelluccio, on reviendra !

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