Voici l’histoire d’une pilote du DUCK (ex-GUC) survenue en février 2021 à St Hilaire du Touvet. Elle apparaît telle qu’elle a été racontée à la suite des événements.
Je rajoute ma petite contribution au dimanche-des-miracles…Certains ont pu admirer mon premier (et dernier, j’espère) vrai bon gros sketch, à St Hil un peu avant midi.J’étais au déco Est.A priori pas d’indicateurs propres à me faire renoncer : je suis reposée (levée tard pour ça, d’ailleurs), confiante. Il y a du monde en l’air (m’en fous, je ne vais pas gratter près des falaises, je vole dans l’idée de faire 2-3 tours dans un thermique et aller poser, du plouf quoi) et ça tient : donc thermiques mais les manches à air sont tranquilles hors cycles thermiques (pas que sur le déco Est, au Sud et au Nord c’est pas la tempête), les cycles n’ont pas l’air violents. Je regarde du monde décoller et la sortie du déco se fait tranquillou à chaque fois (y compris pour qqn qui semble piou-piou, en tout cas pas à l’aise du tout sur son gonflage). Observation du cycle, rien d’extraordinaire (du moins, à ce que je perçois). On approche de midi, mais ça n’a vraiment pas l’air violent.Du coup déballage du matos, pré-vol, triple contrôle des sangles diverses (ben oui, je joue toujours la prudence dans la survérification). Petite brise thermique de face, 4 pilotes décollent sans problème, hop j’y vais.Je m’estime sortie du déco, ça monte doucement (cool), je veux aller vers le déco Nord (beaucoup de monde vers le déco Sud). Il y a qqn déjà engagé dans un thermique et je ne serais pas dans le bon sens (sens anti-horaire, alors qu’il est déjà dans le sens horaire) ; je vire à gauche direction Sud pour revenir ensuite direction déco Nord, sens horaire. Et là, thermique.Ça monte d’un coup, et youhou fermeture asymétrique (une grosse). Je n’ai pas vu ma voile (en fait j’ai surtout vu le sol, qui montait très vite vers moi) mais d’après ceux qui étaient au déco Nord, j’ai perdu une demi-aile.Je pars dans un bon gros 360 qui turbine, direction les arbres déplumés (ça fait pas très envie, l’arbrissage doit être plus sympa quand il y a des feuilles), dans le sens horaire. Réflexes SIV enclenchés : contrer, ne plus regarder les arbres qui veulent me dire bonjour mais vers la vallée. Je ressors face à la vallée et tiens le cap, fesses un peu serrées.Et au moment où je sors, bien face à Belledonne… Me revoilà dans un thermique, reprenant de la hauteur, avec un pilote qui arrive sur ma gauche (venant du côté déco Sud) et qui n’a pas le temps de m’éviter alors que je lui arrive dans les pieds.Du coup c’est reparti pour un tour ! (comme quand j’étais gamine, j’arrivais toujours à gratter un 2e tour de manège, ben oui, premier sketch, autant faire les choses à fond…).Il se prend les pieds dans ma voile, se fait une énorme frayeur. Je fixe la poignée de mon secours en me disant que ça, c’est un des pires cas qui soit, l’emberlificoti de voiles, pas très loin du sol). Le pilote gère ça bien en arrivant à ne pas rester dans ma voile ; ma voile repart dans un gros nawak, mais j’arrive à garder le cap sur Belledonne et, en lâchant ma poignée de secours des yeux, je vois que ma voile est toujours entière et que les principales suspentes vont bien. L’autre pilote va bien, on s’interpelle rapidement pour s’assurer que l’autre est ok.Forcément : direction atterro, avec à partir de là le vol le plus monotone de ma vie (j’ai même pas osé un 360 tout doux, ne sachant pas dans quel état étaient vraiment ma voile et mes suspentes). Atterro sans histoire.Bilan:– Je n’ai pas su tenir ma voile (une fermeture, ça se retient) ;– J’ai réagi tardivement à l’entrée en rotation (1/2 tour !!!) ;– Je n’aurais de toute façon pas du décoller (soit pas à cette heure, soit pas au déco Est même s’il « me semblait que blabla« ) : une grosse fermeture comme ça, ça me semble difficile à retenir (il aurait fallu que je baisse la commande aux fesses, et encore). Il aurait juste fallu que je ne sois pas à cet endroit là ;– Personne n’a été blessé dans l’affaire. Une putain de chance (quelques déchirures dans ma voile, mais trois fois rien, et franchement on s’en fout du matériel après tout ça).Donc depuis le début d’après-midi, grosse colère contre moi-même, qui me flatte d’être toujours prudente, de prendre de grosses marges, etc. etc., et qui me suis retrouvée dans un double sketch qui a aussi mis en danger un autre pilote (après discussion avec ce dernier : il me rappelait que j’avais la priorité par rapport à lui, étant au départ en-dessous dans le thermique, mais franchement c’est allé bien trop vite pour qu’il ait eu le temps de s’écarter, je ne vois pas comment il aurait pu m’éviter).Bref, tout ça pour dire… À chaque fois que j’entends un récit de sketch / accident, je me dis « oui mais moi je » (je vérifie plusieurs fois mes sangles avant de décoller, je vérifie mon secours et mon accélérateur, je vérifie tout mon matos, je vérifie les balises, je fais gaffe à l’aérologie, je connais des manœuvres de descente rapide, j’ai fait un SIV, je vole loin des grappes accrochées aux thermiques, j’ai de bonnes marges par rapport à la falaise, je soigne mes décos, je soigne mes approches, je fais de temps en temps des stages histoire de vérifier que je perds pas les bons gestes, je vais pas voler quand j’ai pas le mental pour ou quand je suis fatiguée, je participe de temps en temps aux conférences / formations / soirées organisées par le club sur plein de trucs liés à la sécurité, je… je… je…).Bon, ben « moi je » me suis payé un double sketch dans lequel j’ai grillé deux vrais jokers, dans les deux cas ça aurait pu beaucoup moins bien se terminer et que je suis fichtrement en pétard contre moi-même.Donc gaffe, les canards. Le printemps est là, faites pas comme moi : ne tentez pas le 360 vissé à 50 mètres sol. À cette vitesse, les canards finissent en terrine.Allez, un point positif : j’avais accroché à ma sellette le super kit-arbrissage d’Antoine Dunod. Si j’avais fini dans les branches au-dessous du déco Est, j’aurais eu de quoi patienter en sécurité…« Fly safe » (cri du cœur) et à bientôt sur un déco. Vers 9h du matin, par vent nul et journée froide pour mon prochain vol.
A posteriori, quelques ajouts :– La plus grosse erreur que je pense avoir faite : décoller ce jour là à midi, alors que j’étais en reprise. Trop de confiance alors que je reprenais, j’aurais dû me méfier du St Hilaire de midi, même si ça avait l’air tranquille.– Après coup on m’a dit que ça ne bougeait pas plus que ça ce jour là et que je n’ai vraiment pas eu de chance. Après réflexion : il y avait un peu de Nord. Je pense que je me suis retrouvée sous le vent du thermique dans lequel je venais de rentrer, d’où la grosse fermeture asymétrique.– J’ai tardé à contrer le 360, mais si je ne l’avais pas fait du tout j’aurais fini sans les arbres à 15m/s (gros aïe) : ma voile est neutre spirale et vu le souvenir que j’ai de la sortie du 360 (sortie chandelle bien marquée avec belle asymétrie et grosse abattée), j’étais entrée dans un 360 « vissé ». J’aurais vraiment fait un sale cratère.– Ceux qui ont vu mon sketch pensent que le pilote qui s’est pris les pieds dans ma voile pensent qu’il aurait dû s’écarter avant (mais difficile à vraiment estimer), ne serait-ce que pour s’éloigner d’une « zone à sketch ».– Pour info, pour mieux situer : je vole depuis 7 ans, peu de vols pendant plusieurs années, davantage ces deux dernières années. Quelques mini cross, au moins un stage par an, 1 SIV il y a deux ans. Je vole sous une B assez gentille (Hook 5 mais qui a du roulis) depuis deux ans, avec une sellette Radical 3.Voilà voilà ^^
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