Nous étions finalement 18 présents à la visite de la base du PGHM, à l’aérodrome du Versoud.
Nous avons été reçus par Olivier, adjudant au PGHM, qui nous a présenté le PGHM, et ses missions.
Il est lui-même parapentiste, et comprenait donc très bien nos attentes.
Le PGHM a été créé en 1958, suite au drame de Vincendon et Henry au Mont Blanc en 1957.
Leur groupe du Versoud assure les secours en montagne une semaine sur deux, en alternance avec une autre équipe de secouristes dépendant des CRS.
Les deux équipes partagent des moyens communs, en particulier deux hélicoptères Dragon 38 appartenant à la Sécurité Civile du département de l’Isère.
Un hélico est basé au Versoud en permanence, et l’autre à Huez une bonne partie de l’année. (Anciennement à La Bérarde).
Les appels au 112 concernant les secours en montagne en Isère sont basculés chez eux.
Ils localisent la victime, grâce à différents outils informatiques… et à une bibliothèque très complète des cartes IGN 25000ème 🙂
Dans 10% des cas, s’il y a une route ou une piste carrossable à proximité, ils envoient des pompiers locaux par la route.
Dans 90% des cas, ils envoient une équipe du PGHM par hélicoptère.
Déclenchement possible aussi d’une intervention par SMS au 114 si vous ne pouvez plus parler… Ou si le réseau est très mauvais. Ça permis à l’un d’entre nous d’appeler les secours suite à un arbrissage violent, alors que par le 112 ça ne passait pas.
L’équipe d’intervention est composée de 4 ou 5 personnes :
- Un pilote
- Un mécanicien, qui est aussi celui qui gère le treuil.
- Deux secouristes
- Et enfin, s’il y a blessure nécessitant médicalisation sur place, un médecin du SAMU qualifié travail en hauteur.
Ils ont un nouvel hélico, 40% plus puissant que l’ancien, capable d’intervenir jusqu’à 100km/h de vent.
Ils sont équipés de casques de vision nocturne (infrarouge) et de projecteurs, car 10% des interventions se font de nuit.
Les secouristes sont treuillés sur place. Ou, dans le cas des interventions en falaise, ils sont treuillés sur une vire au-dessus, puis descendent en rappel.
Il nous a en particulier montré plusieurs photos impressionnantes d’interventions pour sauver des parapentistes suspendus dans des endroits improbables, au milieu des falaises près de Saint Hilaire.
Leur première priorité est d’assurer la victime, en l’accrochant à une corde.
Puis ils la médicalisent si besoin est.
Dans le cas où cette étape est longue, l’hélico va se poser un peu plus loin. Ils le rappellent quand ils sont prêts.
Puis ils treuillent la victime.
Pour les recherches de disparus, ils ont trois chiens spécialisés.
Depuis un an, ils ont aussi dans l’hélico un détecteur de téléphones portables. (C’est en fait une sorte de mini relais mobile, sur lequel le téléphone de la victime bascule quand l’hélico s’approche.) Bien sûr ça nécessite que le téléphone soit allumé, et ait de la batterie! (Pour l’anecdote, ces appareils ont à l’origine été développés pour découvrir les téléphones portables cachés dans les prisons!)
On a discuté de l’intérêt d’avoir un réflecteur Recco. Lui est très sceptique, car la portée est beaucoup trop courte. C’est utile pour les recherches au sol de victimes d’avalanche. Mais pour les recherches en hélico, il y a peu de chances qu’ils puissent détecter quoi que ce soit.
Ils ont une radio sur la fréquence FFVL, mais ne l’allument qu’en cas d’intervention pour un parapentiste, ou sur un site où il risque d’y en avoir.
Il a beaucoup insisté sur l’importance de ne PLUS décoller quand un hélico est en intervention ;
Et pour les pilotes déjà en vol de s’éloigner TRÈS loin.
En effet, il y a déjà eu des suraccidents mortels, dus aux turbulences de sillage de l’hélico, jusqu’à 500m de sa trajectoire.
D’autre part, ils ne voient pas à 360° autour de l’hélico. Quand ils sont en vol, chaque membre de l’équipage surveille les alentours surtout si les parapentistes volent. Mais quand les secouristes sont au sol, seul le pilote regarde et il ne voit que devant, sur un angle de 90° environ.
Donc éloignez-vous au minimum d’un kilomètre ; Ou si vous ne pouvez pas (Ex: En soaring en bord de mer), posez-vous immédiatement!
Pour ceux qui n’auraient pas compris, ils ont une sirène sur l’hélico. S’ils la mettent en route, c’est que vous êtes encore trop près, et qu’il faut se barrer fissa.
L’an dernier, ils ont fait dans les 850 secours. (Et l’équipe des CRS a dû en faire à peu près autant de son côté.)
Les plus grands nombres concernaient :
- La randonnée pédestre (De l’ordre de 150 secours, loin devant le second)
- Le ski de piste
- Le VTT
- Le parapente
Le ski de rando n’arrive que loin derrière.
(Au passage, en 2023, ils n’ont étonnamment eu aucune sortie pour cause d’avalanche, contrairement à leurs collègues du 05, 73, et 74.)
Cette hiérarchie reflète évidemment le nombre de pratiquants, autant que le danger intrinsèque de l’activité.
Ils ont très peu d’abus. (Ex: Des gens fatigués qui prétextent une douleur pour se faire redescendre en hélico.)
Au passage, leur message est : « N’hésitez pas à nous appeler : On préfère débrancher un type en parfaite santé que ramener un blessé grave ou un mort, tombés d’un arbre. »
S’ils sont surchargés, ils le diront au téléphone.
Inversement, si on s’en tire tout seul, ne pas hésiter non plus à appeler le 112 pour signaler que tout va bien : Ils sont souvent appelés par des témoins… Et une fois sur place ne trouvent plus personne !
Plus on donne d’infos précises au moment de l’appel au 112, mieux ils arrivent à préparer le matos nécessaire. (Ex : Y a-t-il un arbre à proximité pour se vacher ?)
On peut aussi leur envoyer des photos si on n’est pas sûr.
Ça leur gagne du temps si on a sa propre localisation GPS avant de les appeler, et qu’on peut leur donner tout de suite.
Il y a diverses applications qui la donnent en clair, et permettent de la partager facilement par oral et par écrit. Ex pour Android:
Il existe aussi des applis équivalentes pour iPhone.
Ça a été un problème lors de l’accident de Laurence il y a deux ans, car la liaison était mauvaise, et elle n’arrivait pas à leur transmettre sa position. C’est finalement un autre pilote en vol dans le secteur qui a pu la donner aux secours.
Avoir à portée de main une cordelette fine de 10 à 20m, lestée (Pour pouvoir remonter rapidement une corde du sol), et une sangle en boucle avec un mousqueton (Pour se sécuriser autour d’un tronc ou d’une branche), est un atout majeur de sécurité. Aussi un coupe suspente peut être utile. (Mieux vaut sacrifier une suspente que de rester bloqué dans une position dangereuse.)
On trouve des kits de sécurité avec tout ça et même plus.
Confirmer une demande de secours hélico en levant les deux bras en Y (Accueillant – Yes nous avons besoin d’aide).
Inversement, indiquer que tout va bien en levant un seul bras, et en gardant l’autre vers le bas (Salut – Non nous n’avons pas besoin d’aide)
Téléchargez cette Fiche de conseils aux pratiquants avec le matériel recommandé et les gestes à faire.
Une autre:
Le kit de secours de Maxime:
Merci pour l’orga de cette visite au PGHM, Max, c’était très intéressant