Collision parapentes

par | 28 Jan 2024 | Retour d'EXpérience | 3 commentaires

Un parapentiste se prend les pieds dans ma voile !

Dimanche 10 décembre 2023, je décide de faire un Pal de Fer (montée du Funiculaire de Montfort) pour faire un plouf du Plateau des Petites Roches.  J’ai récupéré, le vendredi,  ma voile (Alpha 6)  qui sort de l’atelier de Wingshop de son entretien annuel. Cette sortie est l’occasion de faire un gonflage et de la tester. Après l’enchaînement des centaines de marches qui longent les rails du funiculaire, j’arrive sur le plateau des Petites Roches. Je constate qu’il y a très peu de parapentes dans le ciel et je me réjouis de cette situation.  Les conditions aérologiques sont calmes. Je fais un gonflage pour tester le parapente et je vais sur la moquette déco Nord pour décoller vers 13h30.  Je chemine le long des falaises direction nord (vers Chambéry) vers le pilier Sud, 2 voiles sont devants à plusieurs centaines de mètres. La suite, c’est l‘accident, cela se passe en quelques secondes.  Le film montre bien la scène ….

 J’ai quelques souvenirs : 

–       Avoir les bras haut pour que la voile se réouvre

–       Je pars en auto-rotation car il reste une fermeture asymétrique. J’ai une sellette string (Kortel Kruyer 3), je n’ai pas souvenir d’avoir essayé de contrer. J’ai effectué 2 stages SIV mais avec mon autre sellette appui planchette. …

–       L’option parachute secours, j’y pense. Je cherche le parachute, dans un premier temps, sous l’assise (sellette avec appui planchette) puis sur le ventre mais j’ai perdu du temps…Je me dis que ma voile est quasi ouverte et que l’auto-rotation a été freinée/arrêtée par le relief. Je prends l’option de glisser le long du relief en mettant mes pieds de temps en temps pour garder mon corps hors contact du relief 

–       La chute est rapide, 80 à 100 m puis j’impacte avec mes pieds d’abord puis je tombe sur le dos. Le choc est minimisé d’une part par un taux de chute ralenti par ma voile quasi ouverte et la pente du terrain. J’ai de la chance, d’autant plus, que je ne pense pas que l’airbag fonctionne dans cette configuration.  

–       Pendant la chute on est actif, on pense à tout faire pour sauver sa peau

–       Arrivé au sol, je me détache, j’appelle le 112. Les secours déroulent leur procédure et envoient des liens SMS pour localiser (coordonnées GPS) et permettre l’envoi de photos de l’environnement. L’hélicoptère viendra me chercher et les secours auront la gentillesse de récupérer mon parapente.

En conclusion, je suis sain et sauf sans même une égratignure. Les réparations de ma voile semblent trop importantes (plusieurs déchirures importantes) par rapport à la valeur « argus de la voile » .  N’ayant pas pu revoler pour le moment (pas de voile… ), je ne sais si je vais garder un traumatisme ou des peurs (par exemple la présence à proximité d’autres parapentistes évoluant dans un thermique par exemple). 

Le retour d’expérience sur le sujet est le suivant :

–       Bien penser à respecter les priorités : dans mon cas, le parapentiste a le relief à sa droite. Même avec beaucoup d’expérience et de qualification, il ne m’a pas vu… J’ai cru comprendre qu’il était agacé et focalisé par l’autre pilote que l’on voit dans la vidéo. J’ai aussi une priorité,  je suis en dessous de lui mais je reste vulnérable aux différents aléas. Les experts (assureurs) qui ont le film nous diront comment sont partagés les torts …..

–       Anticiper : j’aurai dû virer ou m’éloigner du relief dès que le parapente devant moi a viré à 180 °C et par conséquent s’est retrouvé le relief à sa droite

–       Prendre des marges plus importantes :  j’étais en dessous mais j’ai probablement pris une petite bulle thermique qui m’a emmené un peu plus haut. L’autre parapentiste, en face, a réalisé une manœuvre qui lui a fait perdre de l’altitude. 

–       S’entraîner dans le geste d’extraction du secours et surtout bien « conscientiser » le matériel utilisé avant le vol. En effet,  attention à l’emplacement du parachute de secours lorsque le matériel est différent et donc la position du POD pour l’extraction. Dans mon cas j’ai eu le réflexe d’aller sous l’assise (c’est-à-dire l’autre sellette)

–       Malgré mes 2 SIV, je n’ai pas eu le réflexe de contrer avec ma sellette. Est-ce que le choc était trop violent (hors contexte SIV), le relief trop proche, le  matériel différent, un manque d’entraînement, un manque d’expérience…..

Voilà, j’espère que mon récit et le film (GoPro au-dessus de mon casque)  pourront vous être utiles dans votre pratique. Prenez soin de vous !

Voir la vidéo

3 Commentaires

  1. Merci pour ce retour! Quelque chose que je n’ai pas compris quand tu aborde le sujet des priorités, et que tu dis que tu as une priorité, laquelle as tu? De ce que j’ai l’impression sur la vidéo, il a intégralement priorité sur toi?

    • Il y a eu beaucoup d’échanges sur différents réseaux sociaux, plusieurs avis sur la question « qui est en tort ? ». En effet celui qui a le relief à sa droite à priorité mais l’ABC d’air de Pierre Paul Menegoz indique en bas de son tableau décrivant les différents cas de priorité (https://www.ppmenegoz.com/priorites-en-vol.html) :

      « En toute circonstance l’aile la plus haute doit la priorité à l’aile la plus basse » puis « A noter une priorité se donne toujours mais ne se prend pas …. à méditer ! »

      Il est aussi rappelé le bon sens « de ne pas oublier de regarder avant de tourner ».

      A la question « dans quel cas s’applique la priorité à l’aile du dessous, et d’où provient cette règle ? » la réponse de Pierre Paul est la suivante :

       » La priorité est effectivement à l’aile du dessous car elle a moins de hauteur/sol et donc moins de choix de trajectoire que celle du dessus MAIS…
      pour répondre aux assureurs qui ont fait appel à nous (experts) la chose n’est pas acquise lorsque la proximité est celle d’un ou 2 cônes de suspentage. Ici la raison prime. Il est inenvisageable de donner raison (par exemple en approche ou pour conserver la proximité du relief en n’étant pas prioritaire) à un pilote sur la base d’une hauteur plus basse si l’écart de distance en hauteur est faible entre les 2 ailes. La raison veut que les risques de rapprochement inattendus (turbulences par exemple ou virage sans visibilité sur l’aile du dessous) s’anticipent et la prudence nécessaire des deux partis est de mise et égal.
      Le dernier cas jugé partage les torts.
      A méditer… »

      L’accident est toujours en cours d’instruction chez les assureurs, à suivre pour les responsabilités…

  2. Pierre-Paul décrit la situation où les pilotes sont en approche de l’atterro. L’autre cas de figure c’est quand on thermique. Là aussi, celui qui est le plus bas a la priorité. Dans les autres situations je pense que c’est la règle du relief à droite qui prime. En tous cas c’est celle que j’applique (sauf avec JP…)

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