Le bout du lac avec Montreux. Au premier plan la station de Thollon-les-Mémises
Il est 11h 39 quand je m’envole du déco Sud de St Hil ce matin du 22 Juillet 2023. La météo annonce du Sud assez soutenu et des plafs qui montent quand on avance vers le Nord. Des conditions idéales pour partir vers le Lac Léman, un vol que je tente sans succès depuis un bon moment. Je commence par aller mettre un point au Rachais puis je repars vers le Nord. Je passe sous la Dent de Crolles à 12h 45, 31 km/h de moyenne, je suis dans les temps. J’arrive au Granier à 13h 26, le plafond au raz du nuage est à 2445 m, largement suffisant pour traverser sur la Savoyarde. J’attaque la laisse de chien en visant le péage de l’autoroute. Je passe juste un peu à droite et je vise la face Ouest de la Savoyarde, là où mon Oudie N affiche une belle tache rouge, l’assurance de trouver le thermique qui va me permettre de raccrocher le massif des Bauges. Je me rapproche du relief et le vario commence à bipper, je suis encore à 1200 m, le raccrochage est une formalité. Je remonte à 2270 m sur la Savoyarde et je transite vers le Pic de la Sauge. D’autres ailes arrivent de Chartreuse, on et 5 ou 6 sur la crête qui mène au Colombier. Les conditions sont généreuses, je ne descends plus en dessous de 1800 m. J’arrive au Roc des Bœufs à 14h 49, je vole depuis un peu plus de 3h et j’ai parcouru 85 km, du 28 km/h de moyenne avec mon Alpina 4, c’est bon ça ! Je commence à traverser le lac d’Annecy, deuxième grande transition du vol. J’en profite pour manger un peu de mon sandwich que j’avais négligé au déco (pas encore faim à 11h du mat…). J’arrive largement au-dessus du déco de la Forclaz vers 15h. Il y a beaucoup de monde en l’air, surtout des biplaces. Je me colle derrière l’un d’eux et me laisse guider jusqu’à la Tournette. C’est cool ça, rien d’autre à faire que de le suivre… Je l’abandonne au niveau du chalet de l’Aulp, je suis à 2800 m et je passe le col des Nantets en direction du Lachat de Thônes que je raccroche à 2200 m. Après je n’ai plus qu’à suivre la crête, traverser la vallée de St Jean de Sixt et continuer comme ça jusqu’au Jalouvre. Là j’ai une grosse transition qui m’attend. Je vais quitter le massif des Bornes pour le massif du Chablais. Suivant l’altitude que j’aurai au départ je peux soit viser directement le Mont Orchez juste avant Mieussy, soit passer par le Môle. On est 2 à tourner au-dessus du Jalouvre. On s’entraide par ce que ce n’est pas du tout organisé, ça monte et ça descend partout plus ou moins en même temps, on fini par arriver à presque 3100 m. Mon compagnon en Zeno 2 fait demi-tour (en regardant la CFD j’apprendrai que c’est William Pierre et qu’il a fait 285 km ce jour-là !). Moi pendant ce temps, je continue vers le Nord. Je suis tellement haut que je peux viser Orchez directement. Je pourrais même taper Mieussy en direct mais je fais quelques tours sur Orchez pour admirer la vue sur le Mont-Blanc, la chaîne des Aravis, les Bornes et le lac Léman qui commence à apparaître derrière le Salève. Je connais bien Mieussy, c’est là que j’ai appris avec Jean-Claude Betemps, l’inventeur du parapente. Je passe très haut au-dessus du déco du Pertiuset où un pilote d’accro envoie du bois… J’arrive à Rovagne, LA pompe de service mais aujourd’hui, curieusement, elle ne donne pas. Je commence à descendre alors je m’enfonce dans le massif du Chablais. À partir de là, je suis en terra incognita. Il y a très longtemps je volais en local à Mieussy, Thonon-Orcier ou Thollon-les-Mémises mais à l’époque je ne faisais pas encore de cross. C’est donc une découverte. La trace à suivre que j’ai préparée pour ce vol s’affiche sur la carte de mon ordinateur de bord. Après Mieussy je fais une petite erreur de trajectoire (en allant vers le Rocher de Porte depuis la Pointe de Chalune, pour ceux qui connaissent…) et me retrouve un peu contré par vent du Sud qui s’est bien levé depuis un moment et qui s’engouffre dans cette vallée que je dois longer vers sa sortie. Je joue de l’accélérateur pour avancer et ça marche. Enfin, j’atteins le Mont Billiat qui me propulse à 2980 m et pan ! je percute la TMA 6 de Genève qui plafonne à 2590 m. Je m’aperçois de mon erreur trop tard, mon vol ne sera pas validé à la CFD. C’est le dernier plein, après je descends tranquillement vers Évian et l’atterro de Troubois au bord du lac. Enfin tranquillement c’est beaucoup dire car mon GPS affiche 80 km/h vitesse sol ! Ça explique pourquoi je ne vois plus personne en l’air depuis un bon moment. J’apprendrai plus tard que le Sud soufflait à 40 km/h sur les décos du coin… Mais plus je me rapproche du sol plus le vent se calme et je pose dans une légère brise après 6h de vol et 170 km au compteur…
Fin du vol, juste avant de poser à Troubois
Épilogue
À l’atterro j’appelle mon copain Bernard avec qui on faisait les 400 coups quand j’habitais dans le coin. Il vient me chercher et on part boire l’apéro au bord du lac puis resto de filets de perches arrosé de vin de Ripaille. Le lendemain, il m’accompagne à la gare de Thonon où je prends un train pour Grenoble que j’atteins après 3 petites heures que je mets à profit pour imaginer d’autres parcours du même genre.
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